« Racontez-moi une histoire, je vous dirai qui vous êtes ! »
Un peu arrogant ? Complètement !
C’est le début de ma vie professionnelle. Ou peut-être est-ce juste une vocation ? Non, j’avais déjà un bureau, il était dans un placard. Toute ressemblance avec un petit sorcier à lunettes rondes est fortuite. Et ce n’est pas aussi sordide que ça en a l’air. Ce n’était pas tout à fait un entretien d’embauche, c’était un rendez-vous avec mon avenir.
J’avais 10 ans, je venais de redoubler et j’étais persuadée que tous ces mots qui se moquaient de moi allaient me pourrir la vie, m’empêchant d’apprendre, d’avoir un travail. Mais mon orthophoniste m’a permis une chose… jouer avec mes persécuteurs. Elle a repéré mon amour pour les histoires et mon engouement à en raconter. Ma mère a fait le reste. L’écriture étant une libération, quoique difficile et secrète, elle m’a installé un coin rien qu’à moi, à l’abri des regards, dans un des grands placards de notre petit appartement.
J’en suis sortie depuis avec la volonté de me battre. Il y a du travail au quotidien, beaucoup, pour apprivoiser cette valeur ajoutée. Mon parcours a des formes, il est vallonné. Il y a une palette de nuances qui le caractérise aujourd’hui. Une vocation de journaliste contrariée, une disposition sociale embrassée.
Quatre ans en fac de psycho, un dénouement qui m’a été refusé. Six ans en tant qu’hôtesse de caisse, un besoin de m’échapper. Douze ans auxiliaire de vie, jusqu’au bout accompagner.
Et l’écriture toujours, à chaque instant. Ma plume, oui… Mais aussi celles des autres : la passion d’aider à composer. Soutien et collaboration dans la rédaction, script doctor… (La fibre sociale… vous vous souvenez ?) Et ce besoin irrépressible de lier la créativité au soin.
Romans, BD, films, séries, jeux vidéo, nouvelles, poésies, chaque histoire à son histoire. Elle en dit beaucoup plus que la simple distraction qu’elle peut offrir. Écoutez-vous vraiment, allez-vous au-delà des mots ?
Et le digital dans tout ça ?
Douze ans, 12 ans auxiliaire de vie de nuit auprès d’une personne en situation de handicap, presque autant si ce n’est plus geek que moi. J’ai travaillé mon endurance pour répondre à la volonté et la force de caractère de mon employeur. J’ai passé beaucoup de temps à courir derrière son fauteuil pour essayer de le rattraper ! Vous pensez que c’est une image ? À peine !
Montage vidéo, cinéma, série, musique théâtre et écriture de pièce, aide sur les Réseaux sociaux. L’outil numérique était déjà un allié au quotidien, mais mon rôle d’accompagnante m’a permis d’en mesurer toute sa puissance.
Un bilan de compétence est venu confirmer cette appétence. Quelques MOOC plus tard, une première expérience en tant que Community Manager d’une entreprise de pompes funèbres, m’a confortée dans l’idée de trouver une expertise à atteindre. La formation à distance ? Ça va un moment, j’ai besoin d’être entourée et d’apprendre auprès de professionnels. C’est décidé, j’arrête de prendre soin des autres pour m’occuper à écrire mon renouveau.
Pas de spoiler alert ! 301 est la cerise sur le gâteau. Les formateurs sont tous des professionnels qui illustrent leurs interventions de cas réels et d’exemples pertinents. Et quand je vous dis que tout est écrit, je le pense vraiment. Le second plus à 301, c’est l’humain. J’avais peur d’être en total décalage par rapport aux autres, à la traîne, mais la force du collectif est un véritable plus. Le bureau des encadrantes (girl power!) est bienveillant, toujours à l’écoute. La promo est soudée et les rencontres sont magiques (et pas besoin de baguette).
Chacun à quelque chose à amener, on se soutient, avance de concert, on s’entraide… On est bizarre ensemble et sans jugement. Vive la team initiale, preuve qu’on peut rire et être efficace malgré tout. Aujourd’hui 301, l’école dans l’entreprise me forme aux métiers du digital. Un terrain d’innovation qui me permet d’exploiter mes atouts et d’en créer. Je vais pouvoir concevoir un projet professionnel en adéquation avec mes sensibilités. Communication, marketing, élaboration de site internet… Je suis en train d’écrire la suite du récit.
Et bonne nouvelle, j’ai trouvé un stage. Bretagne production internationale ! Quelques mots-clés en vrac : audiovisuel, 3D, documentaire, jeux vidéo, fictions, storytelling… Ça vous rappelle quelque chose ? (indice : un peu plus haut !)
Je touche du doigt mon rêve de petite fille de m’immerger dans un métier qui pourra dompter mon côté geek et mon appétence pour la communication. Je suis motivée à relever des challenges, apprendre, vaciller, trébucher, recommencer, accepter de me tromper. Et surtout m’épanouir à travers une nouvelle carrière.
Alors, racontons-nous!